"Sur la colline dominant Malmédy, au sud de la ville, l’Ecole Notre-Dame se présentait comme un ensemble fort incohérent de constructions banales et même maladroites. L’intervention de Bruno Albert requalifie le tout en bloquant les perspectives désagréables. Dès l’entrée, il impose une construction assez massive qui monopolise le regard de sa présence solide, mais parfaitement sereine.
Le bâtiment carré de 20x20 m abrite des salles de classe, un réfectoire, des locaux administratifs et des salles de travaux pratiques aux derniers étages. La structure est très simple : murs porteurs sur tout le périmètre, trois colonnes et la cage d’escalier constituant les appuis centraux.
Celle-ci, englobée dans un octogone de service, est disposée suivant une diagonale du carré.
Ces dispositions du plan et de la structure permettent de bénéficier, sans devoir recourir à des prodiges techniques, d’une souplesse exceptionnelle dans l’établissement de chaque plan d’étage.
La grande toiture pyramidale, percée de huit lucarnes avec arc de cercle, ne repose sur les murs que par l’intermédiaire de colonnettes. Le principe d’une césure ombrée, que forme la bande de vitrage sous la corniche, avait déjà été utilisé souvent par Bruno Albert. Mais, ici, son mérite est encore plus évident, tant le volume s’en trouve optiquement allégé.
Les façades, formées de blocs de béton de couleurs grise et rose, comportent une superposition de fenêtres. Comme les trumeaux-porteurs se rétrécissent d’étage en étage, au fur et à mesure de la diminution des charges à reprendre, les fenêtres sont inversement de plus en plus larges à chaque niveau supplémentaire. Le jeu subtil d’une composition, qui tient compte de l’harmonie des couleurs et de l’agencement original des blocs rehaussés par des petits cylindres en marbre rouge, confère à l’ensemble un raffinement incontestable.
C’est une architecture qui, s’en se départir d’une grande logique constructive et d’une évidente efficacité fonctionnelle, fait appel dans le moindre détail à la sensibilité et à l’imagination."
Anne-Françoise Barthelemy
